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Déconstruire la vidéo, image par image (publication)

Déconstruire la vidéo, image par image (Pica 3 publication)
Déconstruire la vidéo, image par image (Pica 3 "Le Processus" publication)

un texte de Mylène Cabana et Francis Théberge pour TiND


Déconstruire la vidéo, image par image et créer le mouvement

Le processus de montage vidéo implique l'assemblage de séquences en une suite logique et ou esthétique sur un timeline. Les séquences vidéo défilent devant nos yeux à une vitesse de 24 images/secondes. Qu’arrive-t-il si on fait pause et que l’on transpose les images fixes ainsi obtenues sur papier afin de les exposer ? C'est sur cette idée que s'est penché TiND : extraire certaines images d'une vidéo pour les imprimer séparément, puis les exposer en tant qu'impression bidimensionnelle à la fois unique et faisant partie d'un tout, puis de regrouper ces images sous forme de polyptyque, dans un ordre choisi (selon le déroulement de la vidéo). La première étape menant à déconstruire la vidéo afin de créer du mouvement autrement, est le choix des images. Celles-ci sont sélectionnées selon certains critères : un éléments nouveau qui s'illustre dans la vidéo ou au contraire un éléments répétitif qui subit des variations tout au long de la vidéo, un éléments qui montre les erreurs vidéo (interlaçage, bruit vidéo, erreurs, saturation, haut contraste, texture, balayage, etc…), l'esthétisme visuel. C'est en visionnant une vidéo afin d'en tirer une image représentative ou afin de corriger des effets visuels indésirables que les images apparaissent à l'oeil. Les images sélectionnées sont extraites du support vidéo et transformées en photographies (instantanées) saisies sur le vif.

Les images ainsi extraites de la vidéo comportent bien souvent des caractéristiques particulières témoin du mouvement auquel elles appartiennent. Cela se présente par des zone de flou dans l’image, du « bruit vidéo » (lignes de résolution, compression des séquences) provenant de la résolution du support source.

Les images extraites sont exportées vers un logiciel de traitement de l'image et sont retravaillées afin de pouvoir être imprimées sur papier. Les couleurs sont calibrées, les pixels augmentés et l’image demande un recadrage afin de passer du format vidéo au format papier. Enfin, le processus exige un montage des images obtenues, seulement cette fois le montage se fait sur papier et non dans un logiciel d'édition vidéo. Les images imprimées sont installées une à la suite de l'autre afin de recréer le mouvement. Les images provenant de la vidéo reprennent en partie le timeline de celle-ci. Toutefois, elles changent de support et deviennent une oeuvre statique. Une séquence qui illustre le mouvement sans le montrer. Les images qui, à la base, ne devaient être visibles qu’une fraction de seconde se révèlent et permettent qu’on s’y attarde pour une durée indéterminée. Ainsi fixé sur papier, les détails enfouis sous des couches de calque, sortent de leur contexte et prennent une importance accrue. Elles permettent d'avoir accès aux détails de la construction de l'oeuvre vidéo.

C'est ainsi que, étonnamment, mises bout à bout et regroupées, ces images isolées, sorties de leur contexte, bien qu'elles soient théoriquement statiques, supposent le mouvement. Elles témoignent d'une vidéo, d'un mouvement qui eu lieu. La trace d'une oeuvre vidéographique devient donc une nouvelle oeuvre. Non plus sous la forme de 24 images/secondes, mais sur un support papier.


publié dans le #3 "Le Processus" de picamag.com

montage vidéo & design : Francis Théberge (TiND)

Déconstruire la vidéo, image par image (publication)
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